Projet

Est-ce que l’entraînement en force peut freiner l’atrophie musculaire observée chez les patients atteints de dystrophie myotonique de type 1?

Chercheur principal : Élise Duchesne

Fondation du Grand défi Pierre Lavoie – 2016

Il n’existe aucune thérapie curative pour les personnes atteintes de DM1 et les recherches visant l’identification d’interventions pouvant réduire la progression des déficiences (telle que la faiblesse musculaire) et pouvant améliorer la qualité de vie de cette population sont rares. Par exemple, il existe un manque flagrant de connaissances au sujet de l’effet de l’entraînement physique chez les patients atteints de DM1. Pourtant un récent sondage auprès de 200 participants atteints de DM1 a démontré que 76 % des personnes atteintes rapportent une pratique de l’activité physique inférieure aux recommandations canadiennes, mais que 69 % de ces personnes désiraient augmenter leur pratique d’une activité physique régulière. De plus, cliniquement, on observe un phénomène de décompensation généralisée posant l’hypothèse que la perte de force musculaire en lien avec la maladie est exacerbée par la sédentarité et la diminution des activités physiques en général. Bien que la pratique d’exercices physiques dans les maladies neuromusculaires (MNM) soit un élément souvent abordé dans les interventions en réadaptation afin de favoriser l’augmentation ou le maintien des qualités musculaires, il n’y a que très peu d’évidences des bienfaits ou méfaits de l’entraînement physique pour les personnes atteintes de DM1.

L’objectif général de ce projet de recherche est d’évaluer l’effet d’un programme d’entraînement en force de 12 semaines sur les adaptations du muscle squelettique de patients atteints de DM1. Les objectifs spécifiques sont d’évaluer, chez ces patients, l’effet d’un programme d’entraînement en force sur :

1) la force musculaire maximale et ;

2) la performance à certains tests fonctionnels standardisés. 

Les hypothèses de travail sont que le muscle de patients atteints de DM1 soumis au programme d’entraînement en force de 12 semaines présentera :

1) une augmentation de la force musculaire maximale, et ;

2) une amélioration aux tests fonctionnels standardisés sélectionnés.

Méthode et évaluation

Onze participants présentant les caractéristiques suivantes ont été retenus : avoir un diagnostic de DM1 phénotype adulte confirmé par une analyse génétique, être un homme âgé entre 30 et 65 ans, obtenir le consentement du neurologue traitant, présenter une force maximale des extenseurs du genou entre 55-75 % de la force prédite selon les équations de Hogrel et être capable de donner un consentement libre et éclairé. Les patients présentant toutes autres contre-indications à l’exercice ou à la biopsie musculaire ont été exclus.

Le programme d’entraînement suivi par les participants consistait en deux entraînements d’une heure par semaine (fréquence adaptée à la population DM1) pendant lesquels les participants réalisaient 3 séries de 6 à 8 répétitions maximales des exercices suivants : extension des genoux, abduction des hanches, développé des jambes, machine à squat et flexion plantaire. Si un participant était en mesure de compléter plus de 8 répétitions, la charge était augmentée pour la série suivante afin que l’exercice se situe toujours entre 6 et 8 RM. Les patients étaient encadrés tout au long de leur programme d’entraînement par une physiothérapeute ou un étudiant en physiothérapie. 

Quelques résultats

Des évaluations de force musculaire maximale et de capacité fonctionnelle ont été réalisées avant (T0), pendant (T1) et immédiatement après (T2) le programme d’entraînement de même que 3 mois (T3) et 6 mois (T4) après la fin du programme. Nos résultats préliminaires suggèrent une amélioration significative de la force musculaire et de la capacité fonctionnelle induite par le programme d’entraînement (entre T0 et T1, T1 et T2 et T0 et T2) et ces améliorations perdurent jusqu’à 3 mois (entre T2 et T3) après la fin du programme d’entraînement. Ces gains peuvent être expliqués par des adaptations du tissu musculaire et non seulement l’adaptation neuronale qui caractérise l’apprentissage d’un nouveau geste moteur. En effet, il est connu en physiologie de l’exercice que l’adaptation neuronale explique les gains de force musculaire observés au début du programme d’entraînement (T0 et T1), mais ne peut pas expliquer les gains observés entre la 6e et la 12e semaine (T1 et T2). La notion que l’adaptation musculaire soit possible en DM1 malgré le défaut génétique est majeure pour développer des interventions de réadaptation visant à freiner/renverser l’atrophie musculaire en DM1.

Co-chercheurs : Gagnon, Cynthia; Hébert, Luc J.;

Chercheur