Projet

Reconnaître et soutenir la jeune aidance : une étude inspirée de la méthode Photovoix

Cette étude a pour but ultime d’élaborer, en partenariat avec des jeunes aidants, un plan d’actions pertinentes et efficaces afin de les soutenir dans le rôle qu’ils jouent auprès d’un proche malade ou porteur d’un handicap. Elle s’inscrit au cœur d’une conversation clinique et scientifique récente qui souligne deux importants enjeux. D’une part, les jeunes aidants vivent des répercussions importantes dans plusieurs aspects de leur vie. D’autre part, le Canada accuse un retard important en matière de politiques et d’offre d’interventions de soutien en comparaison à plusieurs pays occidentaux. De manière spécifique, l’étude poursuit les objectifs de décrire de façon approfondie comment les jeunes s’adaptent à leur rôle d’aidant, mettre en évidence les défis associés à la jeune aidance, de même que ses répercussions positives et négatives sur différents aspects de la vie ces jeunes et élaborer un plan d’actions comprenant des moyens, des stratégies et des pistes de solution visant à soutenir ces jeunes.

Ce projet porte sur la jeune aidance en contexte parental, soit les personnes de moins de 25 ans qui apportent des soins, de l’aide et/ou du soutien à un parent malade ou porteur d’un handicap. Les jeunes aidants soutenant un parent ont été ciblés car ils sont à la fois les plus nombreux et les plus vulnérables. Si la proche aidance exercée par des femmes adultes et des familles est documentée empiriquement, les recherches sur la jeune aidance sont encore rares. Près de 2 millions de Canadiens âgés de 15 à 29 ans offrent des soins à un proche, soit 27% de l’ensemble des jeunes de cet âge. La jeune aidance engendre diverses conséquences affectant l’individu ainsi que son adaptation à ses différents milieux de vie. Jusqu’à 60% de jeunes aidants présenteraient des problèmes de santé mentale: comparativement à leurs pairs, les jeunes aidants rapportent davantage de dépression et d’anxiété, une humeur plus fluctuante, une estime de soi plus faible et davantage de troubles du comportement. Ils auraient également plus de maux de tête, de fatigue et de blessures. Sur le plan scolaire, la jeune aidance est associée à des difficultés comme: absence, retard, fatigue à l’école, manque de concentration et d’attention, manque de temps pour réaliser correctement les devoirs, faibles performances scolaires et plus haut risque de décrochage scolaire. Sur le plan de la vie sociale, ces jeunes seraient plus isolés, auraient plus de responsabilités et participeraient à moins d’activités parascolaires. Malgré ces importantes répercussions, le Canada n’offre actuellement ni réponse politique à ce problème ni d’intervention de soutien ou de sensibilisation à la jeune aidance. Ce faisant, il accuse un retard sur plusieurs pays (p.ex. Royaume-Uni, Australie, Norvège). Même dans la récente Loi québécoise visant à reconnaître et à soutenir les personnes proches aidantes, la réalité des jeunes aidants est absente.

Grâce à cette recherche, les initiatives appelées à se développer pourront bénéficier de données empiriques récentes et rigoureuses et d’un plan d’actions élaboré en partenariat avec des jeunes. Cette étude est innovante à plusieurs égards. En appliquant l’approche psychoéducative à la jeune aidance, elle permettra à la fois de considérer les caractéristiques individuelles des jeunes aidants et l’environnement familial et social dans lequel leur rôle s’inscrit dans un tout cohérent. Ensuite, l’approche méthodologique choisie (recherche-action participative et méthode Photovoix) complémentera les données existantes en mettant l’accent sur les besoins et la perspective des jeunes, positionnant la recherche au service de cette population vulnérable, afin de mettre à jour sa réalité, la faire connaître au sein de la société et défendre ses besoins.

Chercheur